a - "Le conflit frontalier germano-congolais de la Ruzizi Kivu (1895-1910) : disputé par l’Etat indépendant du Congo, hérité par la Belgique, gagné par l’Allemagne"

Lecocq, Hans-Joachim.


 De 1895 à 1910, la frontière dans la région de la Ruzizi-Kivu, entre l’État indépendant du Congo – puis le Congo belge – et l’Afrique orientale allemande, est le sujet d’un différend frontalier. Le Congo revendique comme frontière celle définie par la déclaration de neutralité de 1885. L’Allemagne désire déplacer la frontière vers l’ouest afin qu’elle corresponde au cours de la rivière Ruzizi et aux rives du lac Kivu. L’Etat indépendant du Congo ne souhaite pas abandonner cette région à l’Allemagne qu’il occupe. La révolte de l’expédition Dhanis, en 1896, a pour conséquence d’obliger l’EIC à abandonner ses positions dans la Ruzizi-Kivu. L’Allemagne en profite pour s’installer sur le terrain qu’elle revendique. De retour dans la région fin 1899, les officiers congolais sont contraints de négocier pour se réinstaller de l’autre côté de la rivière. La région litigieuse est placée sous un statut spécial où l’Allemagne jouit des droits de souveraineté tant qu’une solution diplomatique définitive n’aboutit pas. L’État indépendant de Léopold II est contraint à négocier, mais aucun accord ne se dégage. En 1908, la Belgique hérite du litige en même temps que le Congo. Consciente de sa position d’infériorité et de son besoin d’appui sur la scène internationale, elle décide de satisfaire l’Allemagne. La frontière orientale est réglée au cours d’une conférence en 1910 entre la Belgique, l’Allemagne et la Grande-Bretagne.







Répartition des îles du lac Kivu entre Belges et Allemands

1911.
Les Allemands étaient maîtres du lac Kivu et du lac Tanganyika, mais ils n’occupèrent jamais le moindre pouce de terrain du côté congolais. L’île d’Idjwi était le seul point du territoire occupé par l’ennemi. Pour mémoire, une convention signée le 4 juin 1911, par la Belgique et l’Allemagne, avait laissé aux Allemands les îles de Kikaya, Gombo, Kumenie et Wau Wau (en vert sur la carte), et aux Belges les îles Iwinza, Nyamarongo (en jaune), Kitanga et Idjwi (hors carte, plus au nord).

Mgr Victor Roelens, vicaire apostolique du Haut Congo, écrit dans ses souvenirs que le premier acte d’hostilité sur le Kivu avait été la capture d’une baleinière belge où deux Blancs avaient été faits prisonniers et une vingtaine de Noirs s’étaient noyés. Dès le début, les Allemands avaient la maîtrise du lac Kivu, grâce à une barque à moteur, propriété des missionnaires protestants allemands établis encore sur l’île d’Idjwi. Mgr Roelens de se demander d’ailleurs pourquoi les Belges n’avaient pas réquisitionné cette embarcation dès la déclaration de la guerre (Roelens 1948 : 138-139).

Le second fait de guerre fut la prise de l’île d’Idjwi même. Il fait à ce propos le récit suivant:
Elle (l’île Idjwi) était gardée par 2 Blancs et 50 soldats. Comme on manquait de troupes pour la défendre, on avait résolu de l’abandonner. Ordre fut donné de l’évacuer, et la seule baleinière qui restait aux Belges fut envoyée pour amener les troupes. L’ordre vint trop tard.
Grâce à la connivence des missionnaires allemands, qui y étaient restés (c’est du moins ce qu’on a assuré), les Allemands, débarqués dans l’île, attirèrent les Belges hors de leur fort en simulant une attaque par eau, les prirent à revers, et les forcèrent à se rendre. La baleinière allait ainsi grossir la flottille allemande .

Remarque :La carte (ici plus haut) utilisée pour illustrer le texte est une Carte du Ruanda-Urundi au 1/100000 . Base = carte militaire belge de 1937, reprise et complétée par l'Us Army en 1942...que je (pgkivu) me suis permis d'adapter.
On y voit que les limites actuelles (++++) entre la RDC et le Rwanda respectent celles de la convention signée en 1911 entre la Belgique et l'Allemagne.




d- Les hydravions belge au lac Tanganika

 Nous sommes permis de reproduire ici ce très bon texte de JP Sonck. Magnifiquement documenté, il ne lui manque que des photos d'illustr...